vendredi 1 mars 2013
Les objets sont muets, mais sont-ils insensibles ?
Leurs peines sont-elles moindres car elles sont indicibles ?
Toi qui ne parle pas recèles-tu quelque histoire
Qui ce soit déroulée en ta longue vie d'armoire ?
Par un beau jour, un menuisier
À son ouvrage s'est attelé.
Il t'a sculptée à son image
Droite et robuste, un grand coffrage.
Dans la chambre à coucher tu es longtemps restée
Gardant en tes entrailles vestes, chemises, pantalons
Ainsi que l'attirail des maîtres de maison
Sur tes grandes étagères soigneusement plié.
Le temps passe et point ne s'arrête.
Les grands enfants s'en vont en ville.
Les vieux parents partent en retraite.
La maison devient inutile.
On jette beaucoup de meubles et on en vend certains.
Et toi donc, vieille armoire, quel sera ton destin ?
Dehors, abandonnée, tes vieux gonds tout gelés
Tu rêves d'une maison pour les meubles d'occasion.
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