Les castors et le barrage
Il y avait jadis, dans les plaines d'Acadie
Un village de castors avec un grand barrage
Aux mille rondins de bois. Le plus solide barrage
Que castor eut construit dans les plaines d'Acadie.
Il y avait au village dans les plaines d'Acadie
La hutte d'un vieux sage, solide et bien bâtie,
Avec un grand faîtage et un toit de mélèze,
Des murs tout en glaise en dessous du crépi
Comme il était d'usage dans les plaines d'Acadie.
Il s'en vint au village un p'ti jeune, un archi
Qui changea les usages des habitants d'ici.
Faire des économies est le nouvel adage.
De bois juste ce qu'il faut, pas un rondin de trop,
Sur-qualité bannie des plaines d'Acadie.
Les nouvelles constructions, légères et forts jolies
Reprennent aux anciennes le bois qu'elles ont en trop,
Et des rondins volages quittent la hutte du vieux sage
Pour construire ainsi la maison de l'archi,
Celles du lean manager, du responsable branchages.
Il en alla ainsi dans les plaines d'Acadie.
Et même le barrage fut ainsi déconstruit.
De ses milles rondins, on en ôta cent-vingts,
Puis cent-vingt autres aussi. Sur ordre de l'archi
On ajuste à l'étiage(*) la structure de l'ouvrage.
Mais quand s'en vint l'orage et quand tomba la pluie,
Dans la plaine d'Acadie, la rivière en rage
Emporte le barrage et le village aussi.
(*)
L'étiage est le débit minimal d'un cours d'eau, en hydrologie. Il
correspond statistiquement (en moyenne, sur plusieurs années) à la
période de l'année où le niveau d'un cours d'eau atteint son point le
plus bas (basses eaux).
C'est un mot de la famille de « été » : saison où, en France métroplolitaine, les fleuves sont au plus bas.
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